Le dalaï-lama interdit de séjour en Afrique du Sud Le Point.fr (source AFP) Publié le 23/03/2009 à 19:24
Le comité Nobel a annoncé qu'il renoncerait à participer à une conférence en Afrique du Sud si ce pays ne revenait pas sur son refus d'accorder un visa au dalaï-lama, prix Nobel de la paix en 1989 © AFP PHOTO / JANEK SKARZYNSKI
南非拒發簽證給1989年的諾貝爾和平獎得主達賴喇嘛
Une étonnante guerre des symboles fait rage entre l'Afrique du Sud, le dalaï-lama et le comité Nobel. Le comité du prestigieux prix a en effet annoncé lundi qu'il renoncerait à participer à une conférence en Afrique du Sud - qui doit se tenir vendredi - si ce pays ne revenait pas sur son refus d'accorder un visa au dalaï-lama, prix Nobel de la paix en 1989. Une décision prise "au nom de l'intérêt national", affirme Pretoria. "Le monde prête attention à l'Afrique du Sud parce que nous allons accueillir la Coupe du Monde 2010 (de football), et nous ne voulons rien qui puisse perturber ce message", a estimé un porte-parole de la présidence sud-africaine, Thabo Masebe.
Problème, le secrétaire général du comité Nobel, Geir Lundestad, et l'ancien président du comité, Ole Danbolt Mjoes, doivent également participer à la conférence à laquelle ont aussi été invités le Finlandais Martti Ahtisaari, lauréat du prix de la paix l'an dernier, et les Nobel sud-africains Desmond Tutu et Frederik de Klerk. Pas question pour eux de se rendre à Johannesburg sans le dignitaire religieux tibétain. "Notre position est claire : nous traitons le dalaï-lama sur un pied d'égalité avec les autres lauréats du Nobel. À moins d'un changement rapide de la décision sud-africaine, nous n'irons pas", a déclaré Geir Lundestad.
Principal partenaire africain de la Chine
以南非友邦中國為考量
"Puisque Sa Sainteté a dit qu'il n'embarrasserait aucun gouvernement étranger, nous ne protesterons pas, mais nous sommes évidemment très déçus", s'est pour sa part résigné le porte-parole du dalaï-lama, Thubten Samphel, qui en a malgré tout profité pour épingler une nouvelle fois les autorités chinoises, responsables, selon lui, de la décision sud-africaine. "Pékin n'aime pas qu'un gouvernement étranger accueille le dalaï-lama par peur que sa présence n'attire l'attention des médias sur les conditions déplorables des droits de l'homme au Tibet", a-t-il dénoncé. Malheureusement, a-t-il déploré, "les États africains sont vulnérables aux pressions chinoises en raison des investissements massifs de la Chine" sur le continent. "C'est un cas où les intérêts économiques passent avant les droits de l'homme."
Pretoria a toutefois rejeté ces accusations et démenti avoir subi des pressions. "Nous sommes un pays indépendant et souverain et nous prenons des décisions souveraines", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ronnie Mamoepa, en rappelant que le dalaï-lama avait déjà pu visiter l'Afrique du Sud. Mais, lors d'un tel voyage en 1999, le dignitaire religieux n'avait pas pu rencontrer le président d'alors, Thabo Mbeki. Celui-ci avait avancé des problèmes d'emploi du temps et la presse, déjà, avait évoqué des pressions chinoises. L'Afrique du Sud, qui soutient la volonté chinoise de réunification avec Taïwan, est le principal partenaire commercial de Pékin sur le continent, avec des échanges évalués à 10 milliards de dollars (soit 7,5 milliards d'euros) en 2008.